Selon un rapport de la Banque mondiale sur la mobilité de l’emploi à l’horizon 2050, la demande mondiale de compétences va s’orienter vers des qualifications de plus en plus élevées, tous niveaux confondus. Or, les régions riches en main-d’œuvre, notamment le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud-Est ne sont
pas encore prêtes à répondre à ces besoins. « L’exemple de la région MENA et de l’Europe est particulièrement révélateur. A l’horizon 2050, l’Europe devrait perdre 66 millions d’actifs, alors que dans la région MENA la croissance de la population active dépassera les 40 millions. En même temps la demande de qualifications de niveaux intermédiaires devrait atteindre son point culminant en Europe. Les performances en matière d’éducation et l’emploi des femmes devront augmenter de manière sensible si l’on veut que les travailleurs de la région MENA soient en mesure de tirer parti des possibilités d’emploi qu’offre le marché européen », a précisé Leila Zlaoui, auteur principal du rapport.
L’institution internationale affirme cependant que « la migration n’est pas une panacée et ne peut résoudre à elle seule tous les problèmes d’emploi de la région MENA ». Les économies de la région MENA doivent créer prés de 4 millions d’emploi chaque année pour les nouveaux entrants dans la population active. Seules des réformes nationales visant à promouvoir la croissance et la création d’emplois peuvent aider les pays de la région à faire face à l’explosion de la population des jeunes. Toutefois, les politiques et les réformes institutionnelles nécessaires pour favoriser la création d’emplois dans le secteur privé et la croissance de la productivité du travail au plan national cadrent largement avec celles qui doivent être mises en œuvre pour attirer des emplois dans la région et tirer parti des possibilités qu’offrent les marchés mondiaux du travail.
Préparer l’avenir suppose d’opérer des changements de grande ampleur dans d’autres domaines comme l’éducation et la formation, la protection sociale, les marchés du travail et les politiques migratoires, dans les pays d’émigration comme dans les pays d’accueil, recommande le rapport qui indique que la plupart des politiques visant à promouvoir la mobilité de la main-d’œuvre s’adapteront à mesure qu’augmentera la demande dans les pays ayant un déficit de main-d’œuvre. Toutefois, les analyses présentées montrent que l’offre d’expertises ne peut s’ajuster rapidement. En fait elle pourrait même constituer un goulot d’étranglement, compte tenu du temps nécessaire pour former un travailleur qualifié. « L’acquisition de compétences est un processus qui s’inscrit dans le long terme et commence dès le plus jeune âge. Les enfants d’aujourd’hui seront les actifs de 2030, et les travailleurs de 2050 seront nés et auront été formés dans les 10 à 20 prochaines années. La formation des travailleurs susceptibles de répondre aux besoins du marché mondial du travail à l’horizon 2030 et au-delà doit donc commencer dès maintenant », a ajouté Mme Zlaoui.
Une entreprise colossale
La réorganisation des systèmes d’éducation et de formation des pays à main-d’œuvre abondante est une entreprise colossale. Dans nombre de cas, ces pays ne disposent pas des compétences ou des ressources nécessaires pour élargir l’accès à l’éducation et améliorer la qualité de l’enseignement dispensé. Les pays d’émigration tout comme les pays d’accueil risquent de pâtir de cette situation s’ils n’agissent pas rapidement, et de manière concertée. « Il faut maintenant mettre sur pied un mécanisme mondial de collaboration permettant de mobiliser les pouvoirs publics, les bailleurs de fonds, les acteurs économiques et les entreprises, les fondations, les ONG, les diasporas et tous les acteurs concernés, afin qu’ils s’attaquent aux problèmes rencontrés en matière de ressources et de compétences, dans l’intérêt de tous, » a déclaré Daniela Gressani, vice- résidente de la Banque mondiale pour la région MENA.
Peter Bosch, directeur adjoint de l’Unité Immigration et asile de la Commission européenne, a exprimé son soutien à la démarche préconisée par l’équipe de la Banque mondiale soulignant la nécessité de « mettre en place dès maintenant des mécanismes souples et adaptés capables d’optimiser les avantages découlant de l’accroissement de la mobilité de la main-d’œuvre et répondant aux intérêts de tous les acteurs concernés. Pour cela, l’Union européenne doit intensifier le dialogue et la coopération avec ses partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux et s’y emploie déjà avec vigueur ».
Il rappelle que l’Union européenne est prête à examiner, avec les pays d’Afrique du Nord intéressés, les moyens de mettre en place un dispositif efficace de gestion de la migration et de la mobilité de la main-d’œuvre, et à accroître l’assistance technique qu’elle fournit à cette fin. En conclusion, le rapport souligne que les pays d’émigration et d’accueil doivent appréhender ces questions autrement, et comprendre que la mobilité professionnelle et la mobilité de la main-d’œuvre peuvent répondre aux intérêts de tous et favoriser une mondialisation intégratrice et durable.
Source africanmanager.com
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